Les associations de défense du loup affirment que les loups sont nécessaires pour les écosystèmes, notamment par leur action sur la régulation des ongulés sauvages, et leur supposé rôle de clé de voûte ! Cette notion de clé de voûte est loin de faire l’unanimité chez les scientifiques, et nous savons que cela n’est pas tout à fait exact non plus en ce qui concerne la régulation des ongulés. (► Page contre vérité : Régulation des ongulés)
Cet argument est avancé pour servir une idéologie, l’ensauvagement des territoires dans des milieux anthropisés, en occultant complètement le passé et en faisant fi des populations qui vivent en harmonie dans ces paysages convoités pour leur beauté, fruit justement de l’adéquation des activités humaines au respect de l’environnement. Le réensauvagement ou le rewilding, est une volonté de conservation de la nature issue des pays d’Amérique du Nord, qui se répand en Europe. C’est un activisme environnemental qui trouve ses racines dans l’imaginaire d’une nature « sauvage » où l’Homme serait absent ! Laisser se développer une nature sans contrôle, si ce n’est celui de la réintroduction d’espèces !
Et c’est avec le soutien d’une partie de la société que cette politique peut être menée. Le citoyen nourri d’informations alarmistes sur la biodiversité, parfois à juste titre, souvent exagérées (► Revelin : « Écologie, Sortir de la peur »), ne peut faire d’autres choix que de soutenir ce qui lui parait juste. Et cela est rendu possible par la combinaison de plusieurs choses :
- Une volonté de réparer une nature abîmée par l’homme, action rédemptrice.
- Une fascination pour les loups, animal déifié et symbole de nature sauvage,
- Une méconnaissance de la réalité du retour des loups sur les conséquences psychologiques, sociales, économiques et environnementales, dans un environnement anthropisé.
- Des textes de lois nationaux et internationaux qui depuis les années 70, (1973 Cites, et 1979 Convention de Berne) protègent à raison nombres d’espèces mais surprotègent à tort sur certains territoires, les grands prédateurs.
- Une rupture avec le monde rural
Mais tout cela n’est pas du fait du hasard, tout a été écrit et programmé dans l’objectif d’influencer l’opinion en faveur des loups. → Un discours médiatique au service de l’ensauvagement.
Et puis parallèlement à la protection des grands prédateurs il y a au Ministère de la transition écologique des discussions sur la financiarisation de la nature (Zone de compensation écologique, Banque verte, crédit carbone….► Vidéo : La financiarisation de la nature) au sein de laquelle les loups et les ours deviennent un outil à double tranchant pour servir les appétits du monde de la finance, d’une part en donnant plus de valeur à un territoire par la présence de ces grands prédateurs et d’autre part pour « libérer » ces territoires de la présence humaine par pression psychologique, économique et sociale due aux massacres à répétitions sur le cheptel domestique, afin de pouvoir en jouir différemment.
S’il est tout à fait compréhensible de freiner l’artificialisation des terres et l’expansion des activités humaines qui nuisent réellement à la biodiversité, il en est tout autre des actions qui consistent à « expulser » les hommes et les femmes qui vivent en harmonie avec leur territoire, notamment en produisant l’alimentation nécessaire pour l’ensemble de la population. Ces choix autoritaires, non décidés démocratiquement avec les personnes concernées, ne sont pas acceptables.
Aujourd’hui se décide au Ministère de la transition écologique un avenir sombre pour l’élevage (► Vidéo : Comment transformer la nature en profit), C’est un bras de fer entre un monde qui mêle idéologie et finances contre l’élevage de plein air.
La nouvelle stratégie du gouvernement concernant la volonté d’ici 2030 d’atteindre les 30% aires protégées dont 10% en protection forte, a de quoi susciter de vives inquiétudes chez les habitants des zones concernées vu les règles imposées sans concertation. Exemples (péages pour les chemins de randonnées, interdictions de tuer des loups en cœur de parc, …. → Stratégie nationale pour les aires protégées en 2030.
Protéger la nature bien évidemment, mais avec quelle vision et quelles considérations ? Une nature sans Homme ? Une nature cotée en bourse ? Une nature sauvage sans régulation…
Une nature de compensation écologique ? C’est à dire des territoires protégés d’un côté, dont la valeur augmente avec l’absence d’activités humaines, permettant d’acheter des droits à polluer de l’autre ! Le bénéficiaire de ces droits n’ayant plus qu’à répercuter ce coût sur les consommateurs !
Ces programmes dépossèdent les acteurs ruraux (habitants, élus, paysans…) de leur pouvoir décisionnaire, et ils deviennent alors de simples fournisseurs de services écosystèmiques sous une autorité bureaucratique éloignée, hors sol, déconnectée de la réalité…. On reconnaît ici les méthodes du colonialisme, devenu colonialisme vert, l’intérêt pour les décideurs est de s’accaparer les richesses d’un territoire qui n’est pas le leur ! → France Culture : La nature confisquée, histoire du colonialisme vert – G. Blanc
Et pourtant, les prairies, dont à l’unanimité les scientifiques s’accordent pour reconnaître qu’elles sont le plus grand réservoir de biodiversité, sont menacées si l’État persiste à vouloir transformer le territoire des campagnes occupé par l’homme en Yellowstone à la française, comme le montre la diapositive ci-dessous, présentée par le MTES lors du séminaire de l’EFESE en 2018 (Évaluation Française des Écosystèmes et des Services). Un Yellowstone pour « développer l’économie du sauvage », « l’objectif du gouvernent est d’avoir 100 millions de touristes qui viennent en France ! » … c’est donc bien des logiques avant tout mercantiles qui animent cette volonté d’ensauvagement.
La financiarisation de la nature
7 minutes pour comprendre les principes
Film de Bruno Lecomte
Comment transformer la nature en profit ?
33 minutes avec 3 journalistes d’investigation
Film de Bruno Lecomte