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 Communiqué du 21 juillet 2023 – 906 loups, un comptage politique pour ne rien changer !

LETTRE OUVERTE AUX MINISTRES, A LA SECRETAIRE D’état chargée DE L’EUROPE, ET EN RÉPONSE À DES ASSOCIATIONS DE DÉFENSE DE L’ANIMAL CONCERNANT LA PROTECTION DU LOUP EN FRANCE

Alors que le nouveau plan loup est en cours de finalisation, a été annoncée ce 2 juillet 2023 la nouvelle estimation des effectifs de la population de loups. A la sidération de tous, à l’encontre des réalités du terrain, contre la logique mathématique, et une fois de plus, sans la moindre honte à diffuser ce que l’on pourrait qualifier de fake news, l’OFB annonce une baisse des effectifs de la population de loups, passant de 921 loups à 906. Se manifeste ainsi une envie de ne pas passer officiellement le cap symbolique des 1 000 individus, sachant bien évidemment que c’est le cas et depuis longtemps.

Sur les 5 dernières années la croissance oscille autour de 20%. Même l’OFB, avec une constance dans la minimisation des effectifs avait fini par reconnaître leur sous-estimation en annonçant l’année dernière une croissance de 47 % de la population. Les chiffres officiels de l’augmentation des dégâts et de l’agrandissement de la zone de répartition des loups sur le territoire (53 départements), sont là pour prouver que cette baisse est tout simplement impossible. Même le nombre de loups éliminés dans le cadre du quota trahit les données sous évaluées de l’OFB, 29 loups supplémentaires ont été prélevés par rapport à l’année dernière à la même date.

Nos précédents communiqués avaient déjà mis en avant les nombreux mensonges de l’OFB et lors d’une rencontre avec Monsieur le Ministre de l’agriculture, à propos de l’OFB il nous disait « Je n’ai aucune raison de penser que l’OFB triche »1 ! Est-ce toujours le cas M. Fesneau, la légèreté des processus d’estimations est-elle critiquable ?

Bien évidemment ce comptage a une résonance politique quand les moyens nécessaires ne sont pas mis délibérément. Une politique d’ensauvagement des territoires se poursuit clairement, et façonne à sa manière les justificatifs de son nouveau plan pour les loups. Cette baisse annoncée d’effectifs venant fort à propos et servant de prétexte pour ne rien changer dans le degré de protection mais aussi pour rester dans la dramatisation permanente pour Canis Lupus face aux demandes des éleveurs.

Le temps est venu d’amorcer une véritable régulation.

Il faut anticiper, et réduire de manière considérable les attaques sur troupeaux. Les moyens de protection ayant prouvé leurs limites depuis plusieurs années, les tirs systématiques sont devenus incontournables. Que cela ne convienne pas aux défenseurs inconditionnels des loups est un fait mais ils en portent la responsabilité en ayant défendu, une politique de surprotection qui a conduit les loups à ne plus craindre de s’approcher des activités humaines. Politique qui entretient cette situation problématique. Et prétendre que les tirs létaux sont contre-productifs n’est qu’un mensonge supplémentaire, plus de trente études à travers le monde prouvent le contraire.

La protection actuelle des loups, sans régulation, est le pur produit de l’américanisation du monde et de l’application, sans discernement dans notre pays, d’une conception de la « nature » héritée des premiers pionniers. Une nature dite « sauvage » qui dès l’origine, a été sacralisée en Amérique du Nord, dans un pays où le contexte socio-écologique est sans commune mesure avec le nôtre et avec l’histoire de nos territoires qui sont habités et entretenus par la ruralité depuis la nuit des temps. L’américanisation du monde entreprend méthodiquement de détruire notre culture, notamment rurale, la protection inconditionnelle du loup en fait hélas partie.

Le mythe du retour possible à l’état « sauvage » des espaces anthropisés, repose sur la crédulité d’une partie de la société urbaine déconnectée de la nature. Le loup est l’exemple type de cet animal sauvage emblématique qui permet la concrétisation d’un simulacre et qui veut faire croire qu’à travers les réintroductions il est possible de refabriquer la nature passée.

Les ruraux paient chèrement leur lente régression démographique, et les habitants de la cité, qui dominent numériquement la société, scient avec constance la branche sur laquelle ils sont assis. Il est assez rare de voir un aveuglement aussi manifeste à l’encontre d’un pan entier de la société qui est, pour l’essentiel, chargé de nourrir la planète. Les éleveurs et bergers de ce pays qui, que nous le voulions ou non, entretiennent écologiquement et esthétiquement les paysages, tout en faisant leur part pour nourrir les individus, méritent mieux, pour vivre paisiblement, que d’être soumis à des quotas de tirs négociés par la contrainte.

Pour justifier la présence des loups que d’âneries sont dites en raison d’un militantisme qui ressemble davantage à un enfermement des esprits qu’à une ouverture sur le monde et au bon sens ! Et malheureusement, au grand désarroi des éleveurs, nombre de contre-vérités pour tenter de faire accepter l’inacceptable, sont reprises en boucle par une grande partie des médias au lieu de mener des investigations sur le terrain.

Les conséquences négatives d’une multiplication non contrôlée des grands prédateurs en France sont nombreuses, maintes fois observées, mais toujours minimisées, ou même parfois ignorées ostensiblement. Même le dernier rapport du GIEC met en avant, à partir d’une dizaine d’études scientifiques, le rôle préjudiciable des grands prédateurs pour la captation du carbone. Un retour salutaire à la réalité de l’animal, loin des fantasmes en tous genres.

La vulnérabilité du bétail est la raison principale des attaques (officiellement plus de 12 000 victimes par an), alors que les mesures de protection (pour un coût annuel de 43 millions) préconisées par l’État et l’Europe, ne sont pas suffisamment efficaces pour arrêter la prédation. En effet le dernier rapport gouvernemental de l’INRAE du 25 janvier 2021 indique que « 90% des attaques réussies par les loups s’opèrent chez des éleveurs ayant signé un contrat de protection puis mis en œuvre les moyens préconisés ». Ce ne peut être plus clair.

Depuis 2017, où même un ministre avait annoncé un objectif de « zéro attaque », ce sont environ 70 000 animaux domestiques qui ont été reconnus officiellement victimes des loups (sans compter les nombreuses autres victimes non comptabilisées car non déclarées ou non reconnues par les autorités et les animaux disparus) et ce malgré les 150 millions d’euros dépensés pour la protection sur la période 2017-2023. Est-ce une politique sensée ? Par exemple, les 7 000 chiens de protection financés, à qui nous devons une reconnaissance sans faille pour leur rôle, parfois au péril de leur vie, ne permettent pas malheureusement une protection suffisante des troupeaux pour rendre la situation acceptable. La cohabitation paisible est une vue de l’esprit, elle est en définitive tout simplement impossible.

Il n’y a donc pas d’issue pour les éleveurs, sauf à réduire drastiquement les effectifs de loups. Par ailleurs nous rappelons à Madame Boone, secrétaire d’Etat chargée de l’Europe, qu’une population doit s’évaluer à l’échelle transfrontière comme le recommande la Directive Habitats et l’UICN. De ce point de vue l’objectif de 2 500 individus au niveau national, évoqués comme un seuil nécessaire de viabilité génétique de la population lors de sa prise de parole au Sénat le 4 octobre 2022, est une simple reprise, sans discernement, d’un rabâchage pro-lupin sans fondement, une provocation de plus pour les éleveurs et aussi une aberration scientifique !

Le Président annonçait le 14 juillet 2022 qu’il fallait revoir le statut de surprotection des loups. M. Fesneau, il est temps, un an après, de travailler dans ce sens. Votre réponse, « vous croyez que c’est simple, qu’il suffit de dire yakafokon »2 en vous réfugiant derrière « il faut que les autres pays soient d’accord »2, ne sont pas des réponses acceptables de la part d’un ministre de l’agriculture. Un peu de courage politique s’impose ! Et bien que l’article 9 de la Convention de Berne permette des dérogations à la surprotection des loups, tout comme l’article 16 de la Directive Habitats, il est temps, dans cette « guerre de communication »1, ce sont vos mots Monsieur le Ministre, de montrer que la surprotection des loups n’a plus lieu d’être. C’est de votre responsabilité de ministre à l’échelon européen. C’est d’ailleurs ce que sont en train de faire la Suisse et l’Autriche en changeant leurs textes de loi pour amorcer une régulation.

Enfin, Monsieur Macron s’exprimait le 6 juillet 2023 à Pau en disant « Le pastoralisme n’est pas compatible avec le retour des prédateurs non régulés ». Le moment est venu, Monsieur le Ministre, de prendre la main sur ce dossier, anormalement dévolu au Ministre de la Transition Ecologique, pour mettre en place cette régulation indispensable. Les outils existent, notamment l’article L113-1 du code rural alinéa 8 : Assurer la pérennité des exploitations agricoles et le maintien du pastoralisme, en particulier en protégeant les troupeaux des attaques du loup et de l’ours dans les territoires exposés à ce risque. »

 

Il faut sortir de l’immobilisme attentiste, une véritable politique de régulation s’impose et doit être intégrée dans le prochain plan loup, qui doit être sans ambiguïté un plan pour l’élevage de plein air !

Quand on ménage la chèvre et le loup, c’est le loup qui gagne !

 

 

1– Rencontre visio du 27 mars 2023

2– Conférence de l’Afja le 18 avril 2023

 

 

L’Aebv, Association des éleveurs et bergers du Vercors – Le Cercle 12, Association des éleveurs de l’Aveyron

Association Préservons nos troupeaux des loups en LimousinL’Os Mouton Charollais

L’Aseb 71 Association de la sauvegarde de l’élevage et de la biodiversité – Collectif L113

L’union européenne des éleveurs » pour l’abaissement

du statut de protection des loups

 

Motion signée par des représentants de 12 pays européens

Mesdames, Messieurs,

Le constat est sans appel, depuis 30 ans la politique de gestion des loups en lien avec les activités d’élevage, est un échec !

En conséquence, « l’union européenne des éleveurs » adresse, à la Commission Européenne et au Comité permanent de la Convention de Berne, une demande de déclassement du loup de l’Annexe IV de la directive Habitats et de l’Annexe II de la Convention de Berne. Nous alertons sur une situation catastrophique devenue incontrôlable et inadmissible.

Pas un pays n’est épargné, la colère et la désolation envahissent tous les massifs comme les plaines, impuissants face à cette aberration qui consiste à surprotéger les grands prédateurs, bien plus fort que l’Homme si ce dernier n’est pas armé !

L’impossible cohabitation démontrée par les faits historiques, aussi bien sur des humains que sur des animaux d’élevage, aurait dû engager une réflexion avant toute décision de surprotection favorisant la multiplication des grands prédateurs, de surcroît dans des espaces anthropisés.

La volonté d’ensauvager nos territoires est manifeste tout comme l’absence d’écoute. Il est rare de constater un tel aveuglement à l’encontre d’un pan entier de la société, qui plus est, pour l’essentiel, chargé de nourrir la population.

Imposer des loups au nom de la biodiversité, c’est omettre qu’une biodiversité plus riche est générée par le pâturage en maintenant les prairies. La preuve en est que la politique du « Green deal » de l’Union Européenne dans la Politique Agricole Commune,  vise à maintenir prioritairement ces prairies, pour des objectifs environnementaux ce qui est diamétralement opposé aux choix de surprotection des grands carnivores.

Imposer des loups c’est aussi refuser de reconnaitre que la biodiversité se porte très bien dans des territoires où ils  sont absents. De l’aveu même de la Commission, les milieux pastoraux sont une priorité de conservation – la liste rouge des habitats7 en est la preuve.

Prétendre que les loups régulent les populations d’ongulés est un leurre dans les zones d’élevage où il est plus facile pour eux de s’attaquer à des animaux domestiques qu’à des proies sauvages. La régulation des ongulés sauvages quand elle est effective par manque d’animaux d’élevage conduit à une quasi-disparition de certaines espèces (mouflons, chevreuils, chamois, …) d’où une perte cruelle de biodiversité. Alors que d’autres moyens sans conséquences pour l’élevage sont accessibles pour la régulation des ongulés.

Mettre en avant, comme il est écrit dans le rapport d’évaluation de la LCIE1, que le risque d’hybridation est majeur et dans le même temps développer une politique de cohabitation au travers de la multiplication de chiens de protection, sont deux pratiques antagonistes tant les croisements entre chien et loup sont inéluctables.

Le commissaire européen à l’Environnement refuse l’abaissement de la protection des loups2, sous prétexte que les États auraient une marge de manœuvre suffisante pour garantir en même temps la conservation des grands carnivores et le maintien de pratiques agricoles durables. Les faits nous montrent que dans tous les pays colonisés par les grands prédateurs les pratiques agricoles sont en danger, et si les États avaient réellement cette possibilité de déroger à la surprotection des loups, pourquoi alors refuser le déclassement dans les textes ?

La surprotection a conduit inéluctablement à un changement de comportement du canis lupus, lui faisant perdre la crainte des humains. Crainte qui aurait préservé leur caractère véritablement sauvage et limité grandement la prédation sur les animaux domestiques. Cette absence de peur a joué un rôle négatif en dévaluant les moyens de protection dont l’efficacité n’a qu’une durée relative, qui correspond au temps d’adaptation par les loups.

Une étude de l’INRAE3, organisme français d’agronomie, révèle que 90% des troupeaux attaqués sur l’arc alpin français sont des troupeaux protégés.

La protection des troupeaux bovin et équin n’est pas possible, celle des ovins et caprins limite la prédation, mais les modèles de protection imposés ne sont pas suffisants, les faits sont là, c’est un échec cuisant.

Ces moyens de protection, qui engendrent des coûts faramineux pour les Etats et les éleveurs, deviennent un problème dans le partage des usages de la nature, principalement par la multiplication des chiens de protection.

Toutes les propositions pour tester de nouveaux moyens de protection et financer des études toujours plus nombreuses et toujours plus couteuses, ne sont qu’une perte d’argent et de temps, cela dure depuis 30 ans !

Tous les fonds versés au programme Life pour étudier les loups n’apportent aucune réponse, il serait bien que la cour des comptes se penche sur ce gaspillage financier au profit des loups qui n’ont besoin d’aucune aide pour se multiplier et se disperser sur tous les territoires.

Les victimes sont de plus en plus nombreuses chaque année, et ce dans des souffrances et atrocités légalisées par cette surprotection faisant ainsi disparaître toute notion de bien-être animal.

Faudra-t-il attendre que toutes les personnes de la Commission soit touchées personnellement pour comprendre cela, comme ce fut le cas pour la présidente Madame Von Der Leyen qui aujourd’hui pleure son poney tué par des loups ?

En proposant de rejeter la demande faite par la Suisse, le Conseil de l’Union, reste insensible aux drames qui se déroulent chaque jour. Son argument principal pour ce rejet est que le déclassement ne serait pas justifié sur le plan scientifique4, alors que la LCIE1 précise dans son rapport d’évaluation que l’état de conservation des loups en Europe est indéniablement positif. L’argument du Conseil est donc irrecevable !

De plus le rapport de la LCIE1 de 2022, sur lequel doit se baser le Conseil pour donner son orientation présente des cartes établies sur des données de 2016 alors que la croissance des populations de loups atteint 30% par an dans certaines régions d’Europe !

De nombreuses pétitions citoyennes, ainsi que l’initiative des Eurodéputés de la commission à l’agriculture5 pour le déclassement sont ignorées par la commission.

Plus grave encore, la commission continue de mépriser la résolution adoptée par les députés européens6 le 3 mai 2018, à une large majorité, 81,91 %, pour une révision du statut de protection des prédateurs. Et elle ignore encore la résolution adoptée par le Parlement européen ce jeudi 24 novembre 2022 concernant la protection des élevages.

En ignorant ostensiblement les réalités du terrain, l’autoritarisme permanent de la commission européenne renforce un euroscepticisme croissant.

Pour toutes ces raisons, nous sommes consternés par la décision prise aujourd’hui à Strasbourg au sein de la Convention de Berne de rejeter la demande de la Suisse d’abaisser le degré de protection des loups. Cela n’entame en rien notre détermination pour cette demande de déclassement. Tout en ayant conscience que ce changement, quand il interviendra, devra s’accompagner par chaque Etat membre de mesures concrètes dans l’objectif d’une diminution considérable de le prédation sur les animaux domestiques.

Au nom de la biodiversité et de la préservation de l’environnement,

Au nom de l’avenir de l’élevage de plein air et de toute la culture et le savoir-faire qui l’entourent,

Au nom des paysages que nous aimons, façonnés par des millénaires de pâturage,

Au nom du droit de tout un chacun de se promener sans peur dans les campagnes,

Au nom du maintien d’un tissu social et économique dans les territoires ruraux,

Au nom du respect de celles et ceux qui vivent et qui souffrent en première ligne face aux grands prédateurs,

Au nom du bien-être animal et d’une alimentation de qualité,

Nous vous demandons après nous avoir écoutés, de nous entendre et de réagir.

Le 29 novembre 2022,

1 Rapport de la LCIE : https://lciepub.nina.no/pdf/638036032684557257_LCIE%20CoE%20Wolf%20status%20report%202022.pdf

2https://www.euractiv.fr/section/agriculture-alimentation/news/la-commission-defend-son-approche-pour-la-protection-des-grands-carnivores-face-aux-plaintes-des-etats-membres/

3 https://www.inrae.fr/actualites/loup-elevage-bilan-27-ans-coexistence

4https://www.agra.fr/agra-europe/loups-initiative-en-solitaire-au-parlement-europeen-pour-assouplir-les-regles-de-protection

5Courrier du conseil de l’Europe : https://eur-lex.europa.eu/legal-content/IT/TXT/PDF/?uri=CELEX:52022PC0543&from=EN

6 https://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/PDF/?uri=CELEX:52018IP0203&from=EN

7 https://tourduvalat.org/wp-content/uploads/2017/11/rdb_press_release_16jan2017.pdf

Motion avec les signataires :

En Français

En Anglais

En Italien

En Allemand

 Communiqué du 01 juillet 2022 – 921 loups !

L’Office Français de la Biodiversité a-t-il enfin appris à compter ?

921, c’est le chiffre de la nouvelle estimation du nombre de loups sortie hiver 2021/2022 annoncée ce 27 juin en groupe national loup par le Préfet Auvergne Rhône Alpes.

Soit une augmentation de 47 % de la population lupine avant l’improbable rectification des effectifs de l’année précédente, qui passent de 624 à 783 loups, reconnaissant ainsi une sous-évaluation de 25% pour l’année 2021. Cette révision permet de passer d’une augmentation démesurée de 47% à celle maintenant officielle de 17 % bien plus ‘acceptable’.

Ce qui nous mène tout naturellement à constater que la croissance de l’année 2020 à 2021, est de 35 % au lieu des 7 % annoncés, un écart révélateur qui donne raison à toutes les personnes de terrain qui ont toujours dénoncé les sous estimations de l’OFB.

Cette cuisine indigeste des chiffres, qui nous est servie depuis 1992, n’est que le fruit de la comédie écologique et l’acrobatie arithmétique que joue l’OFB depuis 25 ans pour dissimuler une croissance exponentielle des loups, véritable réussite d’un plan loup qui met à terre l’élevage de plein air !

L’OFB se justifie de ces chiffres en prétendant avoir formé plus de correspondants, donc prélevé plus d’indices. Se pose alors la question de savoir si le nombre de loups augmenterait encore avec plus de correspondants ? Et quid des nombreux indices non retenus par les « experts » de l’OFB ? Puis d’ajouter pour la première fois un réajustement après prise en compte des analyses génétiques. Faut-il comprendre que les années précédentes lesdites analyses, dont le budget annuel s’élevait à 375 000 euros (430 000 euros pour l’année 2021), ne servaient pas comme indices pour le comptage ?

Que pouvons-nous alors penser de ce nouveau nombre de 921 loups ? Est-il lui aussi sous-évalué de 25% comme l’estimation de 2021, ou est-il là pour calmer toutes les tentatives de comptage parallèle prévues par des instances reconnues qui auraient mis une fois de plus en évidence les mensonges de l’OFB ?

« Oui l’Office Français de la Biodiversité ment ! » était le titre de notre communiqué du 24 novembre 2021 à propos de l’estimation des loups largement sous-évaluée, à laquelle l’OFB et ses défenseurs répondaient que ce chiffrage était un des meilleurs au monde, issu d’une modélisation mathématique très scientifique portée par de nombreux ingénieurs compétents ! Comment devant une telle mascarade le gouvernement peut-il encore faire confiance à cet organisme sous tutelle du Ministère de la Transition Ecologique et Solidaire pour continuer la gestion du plan loup dont la masse salariale dédiée aux loups dépasse les 3,6 millions par an ?

Avec une telle prolifération il ne s’agit plus de réclamer un quota, mais bien la levée de la surprotection de ces « grands canidés », il ne s’agit plus de donner avec parcimonie des autorisations de tirs, mais bien de généraliser de fait les autorisations de défense pour les éleveurs, et surtout de mettre des moyens dans la Louveterie et la Brigade loup qui sont la meilleure défense pour les troupeaux en ayant une obligation de résultat pour chaque loup qui s’attaque aux troupeaux.

Le temps est venu de tourner la page d’une période de gestion honteuse de la prédation sur les troupeaux domestiques. Le temps est venu de défendre l’environnement par le maintien des pâturages, véritable réservoir de biodiversité et pourvoyeur d’une alimentation de qualité en arrêtant rapidement cette expansion animale, qui se propage aujourd’hui dans tous les territoires de l’hexagone, mettant en danger l’agriculture et la ruralité dans sa globalité, pour une vision citadine biaisée et fantasmée de l’écologie.

La viabilité de la population de loups avait été fixée à 500 individus, décrite dans les objectifs du plan loup 2018-2023. Cet objectif atteint dès 2019, quel est celui du gouvernement aujourd’hui ? Rappelons que 921 individus est l’estimation de la population qui correspond aux effectifs à la sortie d’hiver et que l’OFB reconnaît que la population double après les naissances, soit plus de 1800 loups fin août 2022 ! M. le Ministre de l’Agriculture, dans une telle situation il est urgent que la France demande elle aussi le déclassement des loups dans la directive Habitats et dans la convention de Berne, n’en déplaise aux bureaucrates du Ministère de la Transition Ecologique et Solidaire.

 

L’Aebv, Association des éleveurs et bergers du Vercors – Le Cercle 12, Association des éleveurs de l’Aveyron

Association Préservons nos troupeaux des loups en LimousinL’Os Mouton Charollais

L’Aseb 71 Association de la sauvegarde de l’élevage et de la biodiversité – Collectif L113

Communiqué du 21 02 22 -Tirs des loups

Quand l’éleveur montre qu’il faut tuer des loups,

la ministre ne voit pas qu’il veut sauver son troupeau !

Bérangère Abba, secrétaire d’état chargée de la biodiversité demande l’ouverture d’une enquête suite au communiqué du 2 décembre d’un responsable syndical de la Haute Vienne, et maintenant d’un responsable syndical de la Creuse qui lance un appel de détresse en invitant les éleveurs à utiliser tous les moyens létaux pour éviter les attaques sur leur troupeau.

Il est compréhensible que toute personne éloignée de la réalité puisse être choquée par la radicalité du propos, mais connaître la face cachée des loups permet de mesurer l’ampleur du désarroi qui conduit le monde de l’élevage, abandonné par le Ministère de l’agriculture, et méprisé par le Ministère de l’écologie, à tenir ce discours.

Depuis 30 ans l’État sait parfaitement que sans prédateur naturel, les loups ne peuvent que proliférer. Aucune solution efficace malgré la multiplication des obligations n’a été proposée aux éleveurs pour sauvegarder leurs troupeaux. Comme une volonté à peine cachée de voir disparaître éleveurs et troupeaux sans souci du bien-être animal. Ceux qui diligentent une enquête suite à ces déclarations, savent très bien que plus de 12 000 animaux d’élevage sont tués chaque année, chiffre officiel. Ils ne peuvent ignorer que les mesures de protection, si elles limitent les dégâts, sont très loin d’être suffisantes puisque 92% des troupeaux attaqués dans les Alpes sont des troupeaux protégés. Ils savent aussi très bien que les éleveurs sont au bout du rouleau dans ce dossier.

La réalité dans les campagnes aujourd’hui, ce sont des loups de plus en plus nombreux, sur tous les territoires et leur cortège d’attaques sur les troupeaux d’animaux domestiques. Alors comment ne pas être en colère quand l’état propose aux éleveurs de la Creuse des tirs d’effarouchement, en d’autres termes, envoyer les loups chez les voisins !

Oui les loups sont protégés, même surprotégés, et c’est une aberration au regard des massacres qu’ils causent et de leur croissance exponentielle. Mais de quels loups parlons-nous ? Des loups purs ou des hybrides dont l’OFB a enfin fini par reconnaître la présence ? La frontière entre hybride et loup pur n’étant pas clairement définie, le rapport commun du Conseil Général de l’Environnement et du Conseil Général de l’Alimentation (CGEDD 012414-1 et CGAAER 18097) demande que cela soit établi, mais l’État, sans surprise n’a toujours pas répondu à cette recommandation. Alors l’appel à détruire ces individus est-il illégal, alors même que la recommandation n° 173 de la convention de Berne demande aux états d’identifier les hybrides pour les éliminer.

C’est bien l’État, qui par ses manquements endosse la responsabilité d’une situation inacceptable !

Quid de l’article L113 du code rural « Assurer la pérennité des exploitations agricoles et le maintien du pastoralisme, en particulier en protégeant les troupeaux des attaques du loup et de l’ours dans les territoires exposés à ce risque ».

Quid de l’état de nécessité, article 122-7 du code pénal « N’est pas pénalement responsable la personne qui, face à un danger actuel ou imminent qui menace elle-même, autrui ou un bien, accomplit un acte nécessaire à la sauvegarde de la personne ou du bien, sauf s’il y a disproportion entre les moyens employés et la gravité de la menace. »

Quid de la disparition du pâturage qui maintient les paysages ouverts, offrant ainsi une richesse inégalée en biodiversité ?

De 2005 à 2017, la prédation a été multipliée par 6 pendant que les moyens de protection étaient massivement déployés, seul le doublement du quota de prélèvement de loups en 2019 a enfin permis de stabiliser le nombre de victimes, alors que le nombre de loups continue d’augmenter. Alors oui, il faut associer explicitement une présence humaine proche à une menace réelle, les loups doivent apprendre qu’ils se mettent en danger de mort s’ils approchent de trop près les animaux d’élevageUne trentaine d’études internationales confirment que seuls les tirs permettent de faire baisser la prédation*. L’idée fausse que ce serait le contraire fait partie des multiples contre-vérités ressassées par les défenseurs inconditionnels des loups.

Depuis l’arrivée des loups et leur stricte protection entrainant leur prolifération, les éleveurs ont fait preuve d’une adaptabilité professionnelle rare, tentant tout, quitte à modifier leurs pratiques professionnelles en profondeur, pour protéger leurs troupeaux. Aujourd’hui l’État a davantage le souci de laisser se multiplier les loups que de préserver l’élevage de plein air. Cette politique, qui va à l’encontre du bien-être animal, contraint les éleveurs à exprimer d’une manière forte leur désarroi.

Il est temps que l’État assume ses responsabilités et protège réellement les élevages de plein air !

*(Youtube : recherche : Les tirs létaux sur les loups ? Par Michel Révelin)

 

L’Aebv, Association des éleveurs et bergers du Vercors, Le Cercle 12, Association des éleveurs de l’Aveyron

Association Préservons nos troupeaux des loups en Limousin, L’Os Charollais

L’Aseb 71 Association de la sauvegarde de l’élevage et de la biodiversité, Collectif L113

Communiqué du 24 11 22 – Comptage des loups

Oui, l’Office Français de la Biodiversité ment !

Le 22 octobre 2021, en déplacement en Savoie, Christiane Lambert, présidente de la Fnsea, affirmait à propos du nombre de loups présents sur le territoire français « l’Office français de la biodiversité nous ment ». (lien)

Notre Collectif d’associations d’éleveurs ne peut que se réjouir de cette déclaration puisque nous avions déposé un recours au Conseil d’État il y a trois ans, contre les arrêtés liés au plan loup 2018-2023 et principalement sur la méthode de comptage, pour dénoncer un effectif de loups sous-estimé. Malgré les déclarations des préfets, M. Bouillon en 2018 qui nous confirmait déjà que la méthode allait être revue et M. Celet dans la Drôme en 2020 qui affirmait qu’il fallait revoir la méthode de comptage (lien) , le Conseil d’État a sans surprise rejeté notre requête, les enjeux politiques prenant le dessus sur les données scientifiques et la réalité du terrain !

Affirmer que l’OFB ment ne se fait pas à la légère, et c’est en raison de preuves nombreuses que nous nous permettons de le dire haut et fort ! Pourtant l’OFB dans un article de France 3 du 14 novembre, confirmait par la voix de Loïc Obled, directeur général délégué, que le chiffre de 624 loups était le bon (lien). Ce dernier, souhaite aussi une implication de la part des éleveurs et chasseurs pour faire remonter des indices qui permettent le comptage, mais regrette « …une rupture de confiance, ils ne sont plus actifs, c’est dommage ». La raison de la rupture de confiance s’explique entre autres, par un comptage vicié que ne peut ignorer l’OFB et dont nous vous résumons quelques points ci-dessous :

             1) Analyses génétiques

  • Les analyses génétiques que nous avons pratiquées sur les animaux attaqués ont révélé des individus différents suivant les attaques, prouvant ainsi la présence de plusieurs individus là où un seul est officiellement répertorié.
  • En publiant la liste de ses analyses génétiques, l’OFB a permis de dénombrer en 2019, sur une partie du territoire, 668 loups alors que tous ne sont évidemment pas analysés ! (lien)
  • De plus le refus de l’OFB de pratiquer des prélèvements salivaires sur les carcasses d’animaux prédatés, contrairement à la Belgique, au Luxembourg, à l’Allemagne ou encore la Suisse, ne permet pas d’optimiser le recensement de la population lupine.

            2) Les observations sur le terrain par les éleveurs et chasseurs dénombrent plus de loups que l’OFB. Un département en exemple, la Drôme ; La Fédération des Chasseurs de la Drôme comptait en 2018, grâce à de multiples observations et une étude approfondie, entre 70 et 90 loups là où l’OFB en comptait 38 !

            3) Le relevé d’indices pour le comptage est en partie basé sur les empreintes dans la neige, mais aujourd’hui le territoire des loups couvre des départements où la neige est absente, de plus elle est moins fréquente qu’auparavant pour d’autres.

            4) L’OFB met en avant la présence de 4000 collecteurs d’indices, mais dès 2013 l’association de défense des loups Férus demandait à ses sympathisants « correspondants loup », formés pour recueillir les indices de présence des loups, de ne plus les transmettre et même de les détruire (et malgré cela toujours invitée au Groupe National Loup) (lien). Cette information étant publique, l’OFB ne peut l’ignorer. Cette même association le 22 novembre 2021 ose co-signer avec France Nature Environnement et la LPO un communiqué demandant de la « méthode scientifique » dans le comptage des loups, eux qui entravent la science en détruisant les indices de présence ! (lien)

            5)  La méthode loin d’être fiable : C’est à partir de l’Emr, et du Cmr combinés que découle l’indice pseudo Cmr qui permet d’estimer le nombre d’individus. La méthode Emr (Effectif minimum retenu) est basée sur la collecte d’indices, dont nous avons vu qu’elle n’était pas juste, notamment à cause du manque de neige et de l’appel à destruction des indices.

La méthode de type Cmr (Capture marquage recapture), qui est utilisée pour d’autres espèces, est peu fiable dans le cas des loups car ce n’est pas l’individu qui est capturé mais des excréments. Et les excréments sont un des supports les plus difficiles à analyser génétiquement pour retrouver de l’Adn, le taux d’échec étant très élevé puisqu’un quart des échantillons n’est pas utilisable (lien). De plus les délais pour l’analyse de la méthode Cmr sont de deux ans.

Pour pallier ce délai a été mis en place l’indice pseudo Cmr qui associe les deux méthodes Emr et Cmr. Deux méthodes d’estimation des loups, un peu hasardeuses, qui même combinées, ne peuvent pas donner des résultats probants !

            6) Nous constatons aussi que la taille des territoires de meute est régulièrement agrandie par l’OFB qui ne compte qu’une meute sur une très grande surface quand la réalité montre deux meutes sur des surfaces plus petites, ce que nous avons pu constater en Savoie. L’autre technique est d’oublier des ZPP (Zone de Présence Permanente) dans des zones où les loups sont présents depuis au moins deux ans. Les exemples sont nombreux.

            7) Une autre sous-évaluation du nombre de meutes, dans un secteur des Alpes de Haute Provence, a été mise en évidence par le Cerpam et l’INRA en 2016 dans son étude « Quand les loups franchissent la lisière ».

            8) Des études scientifiques mettent en avant un comptage lacunaire :

  • L’étude de Droesbeke, Gilbert Saporta et Christine Thomas-Agna, qui annonce une sous-estimation d’un minimum de 40% du comptage de l’OFB. (Modèles à variables latentes et modèles de mélange -2013)
  • Deux sociologues Céline Granjou et Isabelle Mauz mettent en avant : « L’ ONCFS seul maître  à bord, absence de contrôle extérieur, partialité des collecteurs d’indices, dysfonctionnement, limite des biomathématiques.. » 
  • Laurent Garde du Cerpam, docteur en écologie qui s’interroge : «En explorant la littérature scientifique européenne, et en prenant les surfaces occupées de façon permanente par les loups en Espagne, en Italie et en France – trois pays comparables -j’obtiens des densités doubles de loups en Italie et en Espagne par rapport à la France. »

             9) Enfin, une étude de l’ONCFS en 2013, signée par M. Marboutin et M. Duchamp, intitulée « Gestion adaptative de la population de loups en France… » reconnait les faiblesses de la méthode notamment du fait que les individus détectés le sont uniquement en ZPP, excluant ainsi tous les individus hors ZPP (Loups en dispersion ou loups sur territoires non reconnus ZPP). Ceci explique peut-être la fourchette aberrante, qui confirme une fois de plus des méthodes de comptage qui ne sont pas sérieuses, l’OFB donnant un nombre de loups situé dans un intervalle de 414 et 834, soit du simple au double !

Voilà donc des éléments importants sur lesquels tous les responsables pourront se pencher afin de répondre à l’appel du Premier Ministre qui estime qu’il y a un problème dans le comptage et affirme : « C’est incompréhensible. Il faut que nous remettions de l’ordre parce que, au-delà des drames personnels que cela occasionne pour les agriculteurs, on aboutit à des situations de conflit qui ne sont pas saines ». (Le 6 novembre 2021 – Congrès des maires de Haute-Savoie)

Malheureusement à l’image d’un comptage résolument faussé, nous pouvons affirmer que toute la gestion du dossier loup est du même ordre, manque de transparence, vérités cachées et mensonges dans l’unique but de laisser se développer ces prédateurs au détriment de l’élevage de plein air. C’est donc bien une réforme en profondeur qui doit s’opérer pour « remettre de l’ordre » dans un dossier où l’omerta est malheureusement la règle depuis 30 ans !

L’Aebv, Association des éleveurs et bergers du Vercors
Le Cercle 12, Association des éleveurs de l’Aveyron
Association Préservons nos troupeaux des loups en Limousin
L’Os Charollais
L’Aseb 71 Association de la sauvegarde de l’élevage et de la biodiversité
Collectif L113